24.4.13

La carte électorale togolaise



Avoir sa carte électorale, rien de plus normal quand on est citoyen d'un pays. Comme je suis togolaise, il est normal que j'ai aussi ma carte électorale.
 En ce moment a lieu une grande campagne dans tout le Togo pour que chaque citoyen se munisse de sa carte électorale, même ceux qui n'ont pas de papier d'identification (ils sont alors accompagné du chef traditionnel du village ou de deux témoins attestant son identité). D'après la publicité à la TV, quand on y va on repart avec la carte directement!! (ceux qui habitent au Togo comprennent les points d'exclamation...)

Nous nous dirigeons donc dimanche matin dans un centre où une foule nombreuse est déjà présente et s'agite devant un des responsables à la porte. Nous apprenons que la foule devant la porte est composée des gens de la veille venant chercher leur carte... Ca s'énerve, ça chauffe, nous décidons d'aller dans un autre centre.

Arrivé dans l'autre centre, il y a plus d'ordre. Nous faisons la queue... arrivé à notre tour on se rend compte que ce n'est pas pour entrer faire notre carte mais juste donner notre nom. Nous devrons revenir le lendemain.
Le lundi donc, Lucky quitte son travail, nous allons au centre: ah ils ne travaillent pas aujourd'hui, une panne sans doute, revenons demain!
Le mardi donc, Lucky quitte son travail, nous allons au centre: cette fois-ci on rentre dans la salle. On s’assoit sur les bancs d'école, tel des élèves contraints de rester en silence à suivre un cours qui n'existe pas. A chaque personne qui passe, nous avançons d'un rang. Un agent de la CENI (commission électorale national indépendante) remplie pour nous le document d'identification (NB: peu de gens peuvent le remplir eux-même vu le taux d'analphabétisation). Puis on retourne sur les bancs... on attend... je m'amuse avec un petit au dos de sa mère...on avance d'un rang... on attend... les esprits s'échauffent avec ceux qui essaient de nous doubler... on attend... tient, la machine tombe en panne, on va attendre encore longtemps... le réparateur vient... ça remarche... on avance d'un rang... on attend... tiens la machine à empreinte digitale ne fonctionne plus... on va attendre longtemps encore. Après un petit moment, Lucky suggère d'éteindre et de rallumer le PC (quelle idée lumineuse!) et bingo, ça refonctionne. Le soleil tape sur notre classe de CM2... voilà notre tour, enfin! Je donne le papier remplie précédemment par l'agent de la CENI à un autre agent qui tape sur l'ordinateur mon identité; deux empreintes digitales et une photo plus tard et ma carte est imprimée.

Il aura donc fallu se déplacer 3 fois et 4H d'attente pour avoir sa carte électorale. Autant vous dire que je n'ai pas réussi à sourire sur la photo, mais aussi plus sérieusement qu'il faut vraiment la vouloir pour l'avoir et qu'il est vraiment plus facile de rentrer chez soi que de poser des congés, se déplacer et patienter des heures pour avoir une carte qui au final n'est que poudre aux yeux quand on connait les réalités politiques africaines au moment des élections.

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